
Le pansage du cheval : le guide complet
Une bonne hygiène corporelle est indispensable à la santé du cheval. A l’état sauvage, les chevaux ne sont pas pansés, mais ils savent prendre soin d’eux, seul ou entre congénères. Ils se roulent, se frottent contre les arbres, se mordillent mutuellement… Leur organisme est naturellement adapté à leur condition de vie. Le poil se couvre d’une couche de graisse qui les protège de l’humidité ou des températures extrêmes.
Pour un cheval domestique, d’autant plus s’il passe beaucoup de temps au box, la situation est bien différente. Il devient dépendant des humains à de multiples points de vue, et notamment pour le maintien de sa bonne hygiène corporelle.
I. Importance du pansage
Pour le cavalier et le cheval, le pansage doit être un moment agréable de complicité. Il permet de connaître la psychologie et le comportement des équidés en général, mais aussi celui qui est spécifique à chaque individu. Savoir ce que le cheval aime ou n’aime pas, ses réactions à la voix, au toucher sur telle ou telle partie de son corps… Tout cela est important pour mieux communiquer à la fois à pied et dans le travail monté. Consacrer du temps au pansage est donc très bénéfique pour établir une relation de confiance et de compréhension avec le cheval.
D’un point de vue physiologique, il faut savoir que le pansage stimule les fonctions cutanées, la respiration et la circulation sanguine au niveau des vaisseaux superficiels chez le cheval.
Pratiqué avant le travail, le pansage constitue un excellent éveil musculaire. Après le travail, il participe à la bonne récupération musculaire. À ce sujet, nous vous invitons à visionner la vidéo de Marie-Elise (ci-dessous), notre consultante, spécialiste en massage équin.
Concernant les aspects pratiques du pansage, il vise avant tout à débarrasser le poil et la peau du cheval des salissures, sueur, épiderme mort et des éventuels corps étrangers. C’est une des bases de la prophylaxie des maladies de la peau, notamment des affections liées aux parasites tels que la gale ou encore la phtiriase transmise par les poux.
En pratiquant un bon pansage de l’ensemble du corps du cheval, on prévient également la gêne et les blessures que peut occasionner la présence de poussière, de boue ou de corps étrangers sur les zones en contact avec le harnachement : tapis de selle, filet, protections des membres…
Le pansage est d’ailleurs l’occasion de faire une inspection de l’état du cheval et surtout de repérer les éventuelles blessures et zones douloureuses.
Il faut également être attentif à l’hygiène des chevaux qui portent une couverture. Il est impératif de ne pas recouvrir un cheval dont le corps est encore souillé par la boue et autres salissures. D’une part, cela peut être très inconfortable pour le cheval, et d’autre part, c’est potentiellement une source de blessures sur les zones de frottement de la couverture : garrot, sangle de cuisse, poitrail…
Les soins des pieds sont aussi une étape importante du pansage. Le curage des pieds permet d’éliminer le fumier, la boue et les corps étrangers qui s’incrustent sous les sabots. On limite ainsi les affections du pied qui peuvent s’avérer extrêmement pénalisantes pour le cheval et ses activités. Nous verrons aussi que l’application régulière de produits de soins de la corne participe également à l’hygiène et à la bonne santé du pied.
II. Quand et où effectuer le pansage ?
Le cheval doit être pansé régulièrement y compris s’il n’est pas au travail. Mis à part certains sujets très chatouilleux, la plupart des chevaux apprécient le pansage. Selon les individus, le brossage de certaines parties du corps peut aussi être une source de plaisir et de bien-être. À vous de les découvrir, cela peut être au niveau du garrot, de l’encolure, le chanfrein…
Le pansage doit s’effectuer avant et après le travail
Un pansage quotidien de 20 à 30 minutes est recommandé pour les chevaux vivant essentiellement au box.
Si la météo et la configuration des lieux le permettent, il est préférable de panser le cheval à l’air libre. On évite ainsi que la poussière évacuée par le brossage viennent à nouveau se déposer sur le cheval et sur tout le matériel environnement. C’est aussi plus agréable pour le soigneur et bien meilleur pour l’hygiène respiratoire de tout le monde. Dans les écuries de compétition, on utilise beaucoup les brosses électriques montées sur un système d’aspiration. On évite ainsi de polluer l’air ambiant avec la poussière et cela autorise le pansage à l’intérieur de l’écurie.
Le plus sécurisant pour tout le monde est de pouvoir attacher le cheval de chaque côté du licol, de préférence sur deux piliers prévus à cet effet ou dans un couloir d’écurie.
On limite ainsi les réactions d’opposition des chevaux qui ont tendance à tirer au renard. Si cela n’est pas possible, il est important d’attacher le cheval à un anneau placé suffisamment haut pour éviter les prises de longe.
Quelques règles de sécurité à observer pendant le pansage :
. Restez toujours hors de portée des postérieurs du cheval en vous plaçant toujours de côté par rapport à lui.
. N’opérez pas dans un espace trop exigu pour être en mesure de vous dégager rapidement en cas de coup de pied ou de mouvement brusque du cheval.
. Soyez prudent en période estivale, car les réactions de défense du cheval contre les insectes peuvent être violentes et très rapides, même si elles ne sont pas dirigées contre vous : ruades, coups de tête, morsures, coups de pied…
. Prenez garde également au comportement du cheval lorsque vous touchez aux zones sensibles : ventre, grassets, oreilles…
III. Quel matériel et produits utiliser pour le pansage du cheval
Chaque opération de pansage nécessite un matériel bien spécifique. Ce dernier est généralement stocké dans un sac ou une caisse qui permet d’avoir sous la main tout le nécessaire pour les soins quotidiens du cheval.
On peut aussi avoir recours au chariot d’écurie, un équipement très pratique pour transporter tout votre matériel, y compris le harnachement du cheval.
Afin d’éviter la transmission d’éventuelles maladies, il est préférable de disposer d’un nécessaire de pansage pour chaque cheval.
Chaque élément doit d’ailleurs être régulièrement nettoyé et désinfecté (javel diluée), surtout si la peau du cheval présente de petites lésions qui constituent une porte d’entrée aux bactéries.
Les longes d'attache anti-panique
Comme évoqué précédemment, si le cheval a pris l’habitude de tirer au renard, il est préférable d'utiliser une longe d'attache élastique ou à mousqueton anti-panique.
L’étrille
L’étrille sert à éliminer le plus gros des salissures sur la robe du cheval.
Elle est aussi utile pour nettoyer les brosses en cours de pansage. Le soigneur vient frotter régulièrement les poils des brosses sur les lamelles métalliques de l’étrille afin d’éliminer les poils et les salissures accumulés pendant le pansage.
Il en existe de très nombreux modèles parmi les plus courants, on trouve :
. L’étrille américaine
Elle est très efficace pour éliminer grossièrement la boue séchée sur la robe du cheval. Les anneaux flexibles permettent de mieux épouser les formes du cheval.
. L’étrille métallique ou en caoutchouc
Le caoutchouc a l’avantage d’être souple et d’un contact plus doux que le métal. L’étrille en caoutchouc peut donc être utilisée pratiquement sur tout le corps du cheval.
Une étrille en métal est plus efficace qu’une étrille en plastique ou en caoutchouc, mais il convient d’éviter les zones osseuses. Les modèles à poignée sont préconisés pour une meilleure prise en main de l’outil.
Le gant en sisal

Ils sont très utiles pour les chevaux sensibles. Ils permettent d’éliminer la boue, tout en restant confortables pour le cheval.
La brosse de pansage aussi appelée "bouchon"
Les poils de cette brosse peuvent être plus ou moins durs. Plus ils sont durs, plus le brossage est efficace, car il agit au plus près de la peau. Le choix devra tenir compte de la sensibilité du cheval et de l’efficacité recherchée.
Une forme ergonomique du manche permet de gagner du temps et du confort grâce à une meilleure prise en main.
La brosse douce

Les poils de la brosse sont souples, courts et serrés pour permettre d’éliminer la poussière sur la robe du cheval, tout en produisant un effet lustrant.
Les modèles avec une poignée sont les plus efficaces et pratiques à utiliser.
Il existe également des brosses spéciales têtes dont le format et la texture des poils sont adaptés à l'entretien de cette zone sensible du cheval.
Les brosses à poils longs

Elles sont efficaces pour éliminer la poussière tout en étant souples et confortables. Elles sont un intermédiaire entre le bouchon et la brosse douce. Leur effet « caresse », lié aux poils longs, est bien apprécié par les chevaux.
L’éponge de pansage


Choisissez une matière douce et confortable. Il faut disposer de deux éponges : l’une réservée au nettoyage des yeux et des naseaux et une autre pour la région située sous la queue. L’éponge doit être en bon état pour ne pas risquer de mettre des particules de matière dans les yeux du cheval.
Evitez d’utiliser les lingettes. Elles sont certes pratiques, mais elles ont l’inconvénient d’être particulièrement nuisibles pour l’environnement.
L’époussette ou le gant de lustrage

Ils servent à faire briller le poil pour finaliser le pansage.
Les gants ont l’avantage d’être pratiques et, à l’inverse du chiffon, de rester bien compacts pour ne pas effrayer les chevaux sensibles.
Le cure pied

C’est l’instrument indispensable pour maintenir une bonne hygiène du sabot.
L’extrémité du cure pied doit être émoussée pour ne pas risquer de blesser la sole et les fourchettes.
Les cure pieds avec une brosse intégrée sont très pratiques, car ils évitent de changer d’instrument pendant l’opération de curage des pieds.
La brosse à crins


Elle doit permettre de démêler les crins en douceur, sans les casser. Évitez d’utiliser un bouchon et préférez les modèles de brosses spécifiquement étudiés pour les soins de la queue et de la crinière. Les brosses à crins gros picots sont efficaces et respectent bien la structure des crins.
Les peignes à crins
On utilise les peignes pour lisser les crins après le démêlage avec la brosse. Les dents du peigne doivent être suffisamment écartées pour ne pas risquer de casser les crins.
Les soins démêlants
Ils évitent de casser les crins lors du démêlage de la crinière et de la queue. Ils permettent aussi de lustrer le poil et préviennent la formation de nœuds entre les séances de pansage. Autre avantage, ces produits contiennent des substances nourrissantes qui permettent de gainer et de bien hydrater les crins.
Les soins démêlants pour chevaux sont généralement disponibles en spray. Attention toutefois avec les chevaux sensibles qui peuvent craindre le bruit produit par la vaporisation du produit. Il convient de familiariser progressivement le cheval. Vous pouvez aussi parler ou chanter pour couvrir le bruit émis par le spray.
Au besoin, appliquer le démêlant directement sur la brosse pour bien répartir le produit sur les crins avant de commencer le démêlage.
Les soins du sabot



Qu’il s’agisse d’entretenir, de prévenir ou de traiter les affections du pied, le choix est vaste et va bien sûr dépendre des besoins spécifiques de chaque cheval. Le lieu de vie, de l’activité du cheval et, bien sûr, son état de santé sont les principaux critères qui vont guider votre choix. L’idéal étant de prendre conseil auprès de votre maréchal ou de votre vétérinaire.
Le pinceau à graisse

Il sert à appliquer les produits de soin des sabots. Généralement, le pinceau à graisse est vendu avec une boite qui permet de le stocker sans risque de souiller le reste du matériel.
Réservez un pinceau distinct pour chaque type de produit : un pinceau pour la graisse, un autre pour l’huile…
IV. Comment effectuer un bon pansage ?
1. Curage des pieds
Commencez par le curage des pieds. De préférence à l’intérieur du box pour éviter de souiller le sol de l’écurie.
Insistez sur les lacunes des fourchettes. Elles doivent être parfaitement débarrassées de toutes les salissures. Prenez soin de vérifier si des corps étrangers, tels que des petits cailloux ne se sont pas logés dans les lacunes.
Bien entendu, on en profitera pour vérifier l’état de la ferrure.
On évite d’appliquer les soins de la corne (onguents, baume, huile…) avant le travail. Leur efficacité s’en trouverait fortement diminuée, car les produits mélangés avec les éléments extérieurs (sable, boue, eau…) ne peuvent pas s’imprégner correctement dans la corne.
2. Passage de l’étrille
Une fois installé sur l’aire de pansage, commencez par passer l’étrille à rebrousse-poil et en effectuant des mouvements circulaires sur le corps du cheval. Cette opération permet de décoller le poil pour en extraire la boue, le fumier et autres salissures.
Si on utilise une étrille métallique, on évite les parties osseuses telles que la tête, le garrot et les membres. L’étrille en caoutchouc souple peut en revanche être utilisée sur tout le corps, sauf sur les parties osseuses autour des yeux.
Il est préférable de commencer par la tête, l’encolure, puis de descendre progressivement en direction du garrot, le poitrail, l’emplacement de la selle, la croupe… L’étrille doit être régulièrement tapée sur le sol pour éliminer les salissures et les poils qui s’incrustent à l’intérieur des lamelles de l’étrille.
N’insistez pas avec les chevaux trop sensibles ou fraîchement tondus, le contact de l’étrille peut s’avérer inconfortable pour eux. Passez directement à la phase brossage.
En revanche, comme nous l’explique Marie-Elise, notre spécialiste en massage équin, l’usage d’une étrille métallique peut être un bon outil de massage et d’éveil musculaire (voir la vidéo ci-dessus) à condition, bien sûr, de ne pas exagérer la pression.
3. Le brossage
Dans un premier temps, utilisez un bouchon (brosse à poils durs) pour éliminer les poils et la poussière laissés sur la robe après le passage de l’étrille.
Dans un second temps, utilisez la brosse douce pour débarrasser complètement le poil de la poussière.
Le bon de coup de main pour utiliser la brosse : un aller à rebrousse-poil, un retour dans le sens du poil. Entre les deux, on frotte la brosse sur l’étrille métallique.
4. Le nettoyage des muqueuses
L’opération consiste à passer une éponge humide sur les yeux en allant du coin externe vers l’intérieur. Bien entendu, le cheval ferme les yeux, il s’agit de nettoyer uniquement la paupière et le coin des yeux. Passer ensuite, l’éponge sur les naseaux.
Changer d’éponge pour nettoyer la région des muqueuses située sous la queue. Soyez bien attentif aux réactions du cheval et tenez-vous sur le côté, hors de portée des postérieurs.
5. Le lustrage
Pour éliminer les derniers résidus de poussière et faire briller le poil, passez une époussette, ou un gant de lustrage, sur le corps et la tête du cheval. Procédez par des mouvements dans le sens du poil.
Pour un fini impeccable, vous pouvez utiliser un spray de lustrage. Évitez bien entendu la tête et les muqueuses, mais également la zone située sous la selle car le produit à tendance à faire glisser le tapis de selle.
Si votre cheval est sensible au spray, humectez un chiffon ou une brosse douce avec le produit et passez-le délicatement sur la robe dans le sens du poil.
6. Les soins de la crinière et de la queue
Pour la queue, démêlez les crins délicatement à l’aide d’une brosse à gros picots. Au besoin, utilisez d’un démêlant pour faciliter l’opération et éviter de casser les crins. Commencez le brossage par l’extrémité des crins, puis remontez progressivement vers la base de la queue. Idem pour la crinière, on démêle en remontant progressivement vers la naissance des crins.
Le peigne à crins permet de lisser la crinière et la queue.
Pour la crinière, finaliser le travail avec un bouchon humide. Partez de la naissance des crins vers leur extrémité.
7. Le graissage des pieds
Lorsque le pansage est effectué après le travail, vous pouvez appliquer, si nécessaire, un soin sur les sabots du cheval. Sauf problèmes particuliers, il est préférable de limiter le graissage des pieds à deux à trois fois par semaine (voir l'avis du maréchal ci-dessous).
L’opération doit être effectuée sur des pieds parfaitement propres afin de ne pas fixer la saleté sur la corne. Appliquez le produit avec un pinceau sur l’ensemble du pied en commençant par la sole, puis les parois. Insistez bien sur la zone de la couronne.
V. Conseils pour les chevaux délicats au pansage
Cheval chatouilleux et sensibles
Certains chevaux, comme les pur-sang, ont la peau fine et sont très sensibles au contact des brosses sur leur corps. C’est aussi le cas des chevaux fraîchement tondus. Il faut donc adapter le matériel et le mode opératoire du pansage à leur comportement. Évitez l’usage de l’étrille ou les brosses dures. Utilisez plutôt des brosses à poils souples et confortables au toucher. Les brosses à poils longs sont généralement bien tolérées.
Ajoutons que les chevaux chatouilleux s’accommodent mieux d’une pression assez appuyée et régulière plutôt que d’un brossage très léger qui effleure le poil par intermittence et a tendance à les agacer.
Rassurer les jeunes chevaux et les chevaux peureux
Adoptez des gestes lents pour ne pas surprendre le cheval. Approchez les instruments de pansage avec délicatesse. Vous pouvez aussi chanter ou siffloter, cela produit un effet décontractant chez la majorité des chevaux.
Si le cheval a peur du matériel, commencez par le caresser avec la main, puis posez délicatement la brosse sur son corps avec l’autre main. Commencez à brosser tout en continuant à le caresser pour le rassurer.
Un cheval peureux ou sensible peut prendre rapidement l’habitude de tirer au renard. Tant que vous n’avez pas mis le cheval en confiance, il est préférable de ne pas l’attacher. L’idéal est de vous faire aider par une autre personne qui va tenir le cheval et le rassurer avec la voix, des caresses, voire quelques bonnes friandises.
Au final, le pansage doit rester une source de bien-être aussi bien pour le cavalier que pour le cheval.
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